8 LA T.S.F  [ 9 ] ANGLETERRE - ALLEMAGNE - AMERIQUE, JUSQU’EN 1929  9.1 - ANGLETERRE    A la fin 1926, les auditeurs en Angleterre sont deux millions. C'est l'oeuvre de la BRITISH BROADCASTING COMPANY, société commerciale privée qui depuis 5 ans bénéficie d'une autorisation d'exploitation. Il semble bien que ce soit en accord parfait avec les auditeurs (quelques milliers en 1921/1922) et avec l'appui des commerçants et industriels en T.S.F., que cette entreprise ait réussi par une gestion parfaite à devenir aussi puissante.   Mais la puissance éveille l'envi et la BRITISH BROADCASTING COMPANY, société privée, décide sagement de se mettre d'elle même sous la protection de l'état en devenant la BRITISH BROADCASTING CORPORATION, en plein accord avec le POST MASTER GENERAL. Le POST OFFICE passe avec la nouvelle société des accords renouvelables tous les 2 ans et lui verse 90% du premier million de Livres provenant de la redevance (Licence), 80% du deuxième million de Livre et 60% de tous les autres.   Les hommes qui ont contribué au succès de la première société, passent dans la deuxième avec le matériel et leur expérience. La nouvelle B.B.C. à les "coudées plus franches", elle assure sous sa responsabilité le contrôle des émissions, elle a le droit de recueillir elle même ses informations, elle n'est plus tributaire des agences de presse.   Des hommes, qui avaient par leur esprit d'entreprise, par leur volonté, assuré l'essor de la radiodiffusion, on su protéger leur oeuvre en se pliant à l'intérêt général... Une leçon à méditer en France ou nous sommes toujours à attendre l'application d'un vrai statut.   En 1928, l'auditeur Britannique paie une taxe de 10 Sh l'année pour son appareil de T.S.F.. Cette taxe est perçue par l'état qui retient 12,5% de droit de perception et verse le reste à la B.B.C. sous la forme que nous avons vu plus haut.   Il y a 21 postes d'émission. Sur le plan de la pièce détachée, l'amateur trouve un matériel abondant et de très bonne qualité, bien souvent hors de proportions avec les schémas dans lesquels il est employé. C'est la technique LOW-LOSS (faibles pertes).   Nos amis Anglais ont la possibilité, et ils ne s'en privent pas, d'installer à leur gré des antennes sur les toits, et mis à part les "mordus" d'ondes courtes (très nombreux ici), demandent une réception confortable des programmes de la B.B.C. à des appareils dont la partie B.F. soignée est servie par des haut-parleurs remaquables (AMPLION, BRANDES, BROWN, CELESTION,...). Home... sweet home... 9.2 - ALLEMAGNE   La première station de Radiodiffusion a été installée à Nauen par la société TELEFUNKEN et inaugurée le 1er janvier 1923. Depuis 15 stations sont nées, les émissions sont régulières sous le contrôle des P.T.T.   Les amateurs utilisent des montages "neutrodyne",  "super", bien sûr aussi la "détectrice à réaction" et paient une taxe.   Le marché de la pièce détachée Allemande, sans être inexistant, est bien moins fourni que chez nous. Il semble que les amateurs allemands soient peu gâtés dans ce domaine. Nous sommes loin du "fignolé" Anglais et de la "prolifération” Française. La presse radiotechnique encore à l'état embryonnaire va rapidement trouver sa voie.   En 1929, en visitant l'exposition de Berlin on comprend mieux le but poursuivi et atteint par l'industrie radioélectrique Allemande. Il s'agissait dans une nation aux possibilités économiques limitées d'aller droit vers un objectif donnant toute satisfaction à l'auditeur.   On peut dire qu'en 1928-1929, s'il y a peu d'artisanat en Allemagne, ce but est atteint par les industriels de la radioélectricité dont le nombre est limité aux licences autorisées par le Syndicat des Exploitants “Verband der Funkindustrie”.   Peut-être parce que les stations donnent sur le plan technique des émissions de qualité irréprochable, l'auditeur Allemand se contente d'un poste excellent du point de vue musical, mais qui donne à l'amateur Français l'impression d'un montage un peu "baclé"; et puis, on ne se résigne pas en France à cette économie de lampes, à l'emploi de schémas destinés à tirer la quintessence de chaque lampe de façon à en réduire le nombre.   Quelques noms de constructeurs à la foire de Berlin 1929 : TELEFUNKEN, LORENTZ, KORTING, LUMOPHON,... CRAMOLIN présente un système d'accord par bouton en clavier, chaque bouton portant le nom d'une station. Citons également LOEWE et ses amplis B.F.   Le cadre est peu utilisé pour la réception en Allemagne, le collecteur d'ondes en général reste l'antenne extérieure.   Une version assez répandue du poste de luxe en 1929, en Allemagne : lampes "secteur" dans une ébénisterie lourde, en noyer, haut-parleur incorporé donnant des basses profondes. Le réglage s'effectue à l'aide de cadrans à deux tambours (résonance et accord).   De nombreux postes fonctionnent encore sur batterie, mais une version populaire du poste secteur à 3 lampes est répandue à de très nombreux exemplaires. 9.3 - AMERIQUE   Aux Etats unis, en 1925, la prolifération des postes de radiodiffusion est telle que "l'éther" Américain est passablement encombré, puisqu'on peut compter plus de 700 stations réparties sur tout le territoire.   Affaires privées, absolument libres, vivant de publicité et qui pour demeurer "rentables" doivent tenir compte des goûts d'une masse de clientèle interessant les anonceurs.   Les programmes, en général, en pâtissent sur le plan de la valeur artistique et malgré le nombre élevé de stations de radiodiffusion, les émissions sont d'une monotonie affligeante, en regard de la puissance utilisée.   Il y a heureusement un autre angle sous lequel, nous Européen, avons enviés la Radiodiffusion Américaine, c'est celui de l'organisation dans la liberté.   Depuis qu'un décret de 1912 avait réglementé la Télégraphie Sans Fil, réglementation toute simple, se bornant à distribuer les longueurs d'ondes entre les divers postes d'émission, le ministre du commerce était chargé de faire respecter son application.   En 1927, le président Coolidge signe le décret réglementant la radiodiffusion, sorte de "charte de l'auditeur" mettant de l'ordre dans la maison. Ce décret a pour but de donner au plus grand nombre possible de postes émetteurs le maximum de liberté compatible avec leur bon fonctionnement. Une commission de contrôle est chargée de répartir d'une manière harmonieuse les longueurs d'ondes entre les stations d'émission de façon à éviter les interférences.   Elle fixe la puissance, la longueur d'onde, l'indicatif et le temps d'émission de chaque station. Une loi sage et efficace...   Sur le plan technique nous avons déjà eu l'occasion de faire connaissance avec l'amateur bricoleur Américain. Jusqu'en 1925 il construisait  principalement des montages à résonance sur lesquels le nombre d'étages à gain assez faible avaient pu être multipliés en raison de l'utilisation d'une seule gamme de longueur d'onde (225 à 550 mètres).   En 1929, il reçoit sur une antenne extérieure ou sur une antenne intérieure ruban, ou encore antenne secteur. Son poste est un super hétérodyne, changement de fréquence par deux lampes. Le diffuseur est incorporé dans le meuble ou séparé dans le cas d'un poste de table.   Les haut-parleurs électrodynamique ont fait leur apparition. Les accus ont fait place depuis longtemps aux alimentations totales et dans les récepteurs de luxe nous trouvons les "tubes" alimentés directement sur le secteur, un transformateur fournissant en plus de la haute tension, le chauffage des filaments sous 2,5 Volts et le chauffage de la valve sous 5 Volts.   Les nombreuses et luxueuses revues de cette année 1929 nous annoncent bien l'ère moderne de la radio.